Santé, Écologie, Circularité : Les Attentes De La Nouvelle Génération

  • par Carola Jacobs
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  • 2020-12-02 16:39:17
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  • Economiecirculaire.org
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Détails
  • Auteur : Peter Mösle

Résumé

Les immeubles durables ne se définissent pas uniquement selon leur efficience énergétique. Ils reposent aussi sur l’emploi de matériaux naturels et recyclables. Cela se traduit par des charges moins élevées et par un sentiment de bien-être accru chez les utilisateurs. Sans oublier l’avantage qu’offrent ces immeubles de baisser les coûts de construction à travers le modèle du leasing ou de consigne des matériaux. Il s’agit d’atouts non négligeables, à une époque où l’immeuble de services subit de plus en plus la concurrence du télétravail.  

Description

Drees & Sommer, une entreprise spécialisée en conception et en conseil, entrera à l’automne 2021 dans ses nouveaux bureaux du quartier de Vaihingen à Stuttgart. Elle aura désormais son siège dans un bâtiment à énergie positive, qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme. Mais il répondra également aux enjeux d’avenir tant à travers le recours aux principes du Cradle to Cradle qu’à travers sa modernité numérique.

Pour un investissement de 22 millions d’euros, Drees & Sommer s’offre un immeuble de quatre étages sur une surface brute de 7 000 m² capables d’accueillir jusqu’à 1 000 personnes avec un grand espace de conférence, des espaces de bien-être pensés pour ses collaborateurs, comme la terrasse, la cafétéria ou le restaurant. Deux cents collaborateurs y travailleront désormais. 

Mais l’immeuble, conçu par le cabinet SCD Architekten und Ingenieure de Stuttgart, doit être plus qu’un simple bâtiment administratif. Il doit donner le goût d’un quotidien de bureau à tous ceux qui y viennent, car il s’agit d’un facteur face à la concurrence croissante du travail à la maison. Dans le même temps, le bâtiment doit servir d’immeuble témoin pour de futurs investisseurs. En effet, nous nous devons de donner l’exemple, nous qui conseillons à nos clients comment concevoir de manière efficace des bâtiments connectés et flexibles, comment les construire et les gérer avec intelligence tout en restant fidèle à des engagements environnementaux. Les modèles les plus éprouvés, économiquement viables, parlent plus facilement si on se les applique d’abord à soi-même. 

Au cours des dernières années, le concept de durabilité est devenu un élément à part entière de la stratégie d’entreprise, ce que nombre d’entre elles veulent pouvoir démontrer, en interne comme vis-à-vis de l’extérieur. Les immeubles dans lesquelles ces entreprises se trouvent sont le meilleur moyen de démontrer cet engagement. Bien plus, les bureaux façonnent une identité auprès des collaborateurs et constituent un élément important de la marque employeur, indispensable notamment pour recruter de nouveaux talents. Car la crise du coronavirus n’a rien changé au fait que les entreprises se livrent une concurrence féroce dans le recrutement d’une main d’œuvre hautement qualifiée.

Les questions de santé et de bien-être au travail font également partie des aspects primordiaux. Or, le respect des critères durables exige à la fois d’être créatif, mais également de s’interroger, très en amont et jusque dans le moindre détail, sur les matériaux à utiliser et sur la nécessité de faire appel de planificateurs spécialisés. Qui plus est, non seulement les immeubles de bureaux doivent se montrer les plus efficients possible en termes d’énergie, mais ils doivent également prendre en compte, à travers le choix des matériaux, les enjeux de durabilité et de santé. C’est le cas du projet de bureaux de Drees & Sommer, comme le montrent ses façades végétalisées, le choix des matériaux naturels utilisés, comme les murs en argile ou les moquettes fabriquées à partir de matériaux recyclés. L’impact sur la qualité de l’air ambiant, mais aussi sur la productivité des utilisateurs du bâtiment est immédiat et l’objectif d’empreinte écologique positive et d’usage circulaire des produits et des matériaux est ainsi rempli. Qui plus est, les immeubles conservent leur valeur dans la mesure où ils peuvent être démontés au bout de plusieurs décennies, au terme de leur durée d’exploitation, et leurs matériaux être réutilisés, conformément aux instructions planifiables dès le début du projet.

Voilà en résumé le principe du Cradle to Cradle dont l’objectif est de limiter, voire idéalement d’éradiquer l’usage unique des ressources et la production de déchets. Avec ce principe, on considère au contraire les matériaux comme des nutriments. Les constructions de même que les produits qui y sont employés sont choisis selon leur aptitude à se décomposer dans la biosphère ou à être réutilisés comme composants d’un nouveau cycle technique. Cela implique un design du système et des produits adéquats pour l’ensemble des matériaux utilisés. Leur composition chimique doit être telle qu’ils ne relâchent aucune substance toxique dans l’objet recyclé ni dans l’environnement. En bref : pour établir un circuit parfait, il faut s’assurer d’utiliser des matériaux de construction sains. Dans ce sens, un descriptif précis des matériaux et, au-delà de ça, un passeport certifiant la qualité des matériaux contenus par un bâtiment peuvent fournir de précieux instruments.

De nombreuses équipes de recherche interdisciplinaires s’intéressent de plus en plus à la circularité des matériaux. De même, les fournisseurs et producteurs travaillent, à l’appui de concepts tels que le Cradle to Cradle, au développement de matières premières recyclables à volonté et compostables. De plus en plus de constructeurs les utilisent d’ailleurs dans leurs projets. Les cabinets d’architecture et les bureaux d’études se retrouvent donc face à l’enjeu de répondre aux exigences croissantes des promoteurs. Ils doivent donc penser leurs propositions de sorte qu’elles répondent aux critères de circularité, de durabilité et d’empreinte écologique positive. De même que la crise pétrolière a fait émerger le thème de l’énergie à la fin des années 70, la question de l’épuisement des ressources place le développement et l’utilisation de matériaux en circuit fermé au cœur des intérêts de l’industrie et de l’économie du bâtiment. Et de même qu’à l’époque le métier de conseiller en énergie a vu le jour, il est aujourd’hui nécessaire de faire place à une nouvelle discipline au sein des équipes de conception : celle de l’ingénierie circulaire et de la conception des matériaux. Un rôle de facilitation qui permettra de trouver les bonnes solutions entre architectes et constructeurs. 

Une chose est certaine : si les domaines de la construction et de l’immobilier veulent sensiblement contribuer à la protection de l’environnement et à la préservation des ressources, la voie de l’économie circulaire semble désormais incontournable.

Le principe du Cradle to Cradle a également des répercussions directes sur les utilisateurs du bâtiment : les expériences issues de projets semblables, comme l’hôtel de ville de Venlo, aux PaysBas, montrent que les entreprises qui choisissent d’établir leurs bureaux dans de tels bâtiments dénombrent sensiblement moins d’arrêts maladie et fidélisent plus leurs collaborateurs. La règle est simple : qui se sent bien au travail, tombe moins souvent malade et n’a pas de raison de changer d’employeur. Qui plus est, les infrastructures techniques du bâtiment intelligent peuvent servir les intérêts de durabilité lors de la phase d’utilisation du bâtiment, en permettant notamment des économies d’énergie et une réduction des coûts de fonctionnement et des charges. Drees & Sommer mise également sur une gestion intelligente du bâtiment avec son nouveau siège de Stuttgart. Sur une application dédiée, les utilisateurs obtiendront ainsi une autorisation d’accès au bâtiment, pourront réserver une salle de réunion ou configurer la salle comme ils le souhaitent, mais aussi régler chauffage, la climatisation, la ventilation ou la luminosité.

Dans un monde des affaires globalisé, la possibilité de comparer les objectifs de qualité de plusieurs bâtiments entre eux, notamment d’un pays à l’autre, constitue enfin un enjeu important. L’existence d’un catalogue international contenant ces critères est nécessaire. En ce sens, il est important non seulement de concevoir des immeubles durables, mais de pouvoir établir une certification de cette durabilité selon des critères internationaux. Ceci est essentiel du point de vue de la conservation de la valeur. En effet, la valeur sur le marché d’un immeuble manifestement durable, car certifié comme tel, sera supérieure à un immeuble qui ne bénéficierait pas de ce label.

Afin de certifier des bâtiments en tant que Green Buildings, il existe actuellement trois labels reconnus par la profession : le label américain LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), le label anglais BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method) et le label allemand DGNB.

Tous les trois fournissent des informations sur le rendement, le respect environnemental et l’utilisation des ressources. Dans le secteur des immeubles de services, rares sont les nouvelles constructions qui ne bénéficient pas d’au moins un de ces certificats. En effet, leur attribution est un gage de qualité, certifié de manière indépendante. Les entreprises savent bien ce qu’elles sont en droit d’attendre d’immeubles possédant ces labels, non seulement en ce qui concerne la consommation en énergie et en eau, mais aussi du point de vue de la qualité de l’air intérieur et des offres de mobilité. Le système DGNB propose quant à lui depuis 2018 une évaluation des aspects relatifs à la mise en place d’une économie parfaitement circulaire grâce à une certification durable. Celle-ci inclut déjà dans son évaluation un certain nombre de critères propres à l’économie circulaire. Dans les principales villes allemandes, quasiment tous les immeubles de services font du Green Building un critère de qualité incontournable.

On voit ainsi apparaître une nouvelle génération de bâtiments, plus sains, plus circulaires, plus connectés. La recherche d’un maintien accru de la valeur, la législation européenne sur la biodiversité et les aspirations sociétales sont les principaux moteurs de cette tendance. Les thèmes relatifs à l’écologie et au caractère durable prennent de plus en plus d’importance. Alors que nos villes décrètent l’état d’urgence climatique et que des mouvements tels que les Fridays for future naissent pour demander des politiques environnementales plus efficaces, il ne se passe plus de jour sans que l’on mesure les conséquences du changement climatique sur l’avenir de notre planète. Le besoin d’action en la matière est de plus en plus manifeste. Il ne reste plus d’alternative.

Si notre société veut construire un avenir propice aux générations futures, elle doit miser sur le développement de l’efficience énergétique, des énergies renouvelables, d’objectifs d’empreinte carbone positive ou du Cradle to Cradle. Les premiers bénéficiaires des évolutions qui touchent les constructions sont indiscutablement leurs utilisateurs qui évolueront désormais dans des univers de travail et des bâtiments modernes, durables et compatibles avec leurs préoccupations de santé. Ce sera le cas également des collaborateurs de Drees & Sommer qui rejoindront bientôt à Stuttgart un bâtiment du futur.  

 


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Auteur de la page

Carola Jacobs

Marketing Manager

Modérateur

Vincent Jay

Chef de projets