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Vous êtes à la recherche d’exemples concrets de démarches d’Ecologie Industrielle et Territoriale ? Vous animez une démarche collective pour optimiser les ressources d’acteurs économiques de votre territoire et recherchez les outils disponibles ? Vous souhaitez partager vos bonnes pratiques? Vous avez besoin d'échanger avec des acteurs rencontrant des problématiques similaires ?
Le réseau SYNAPSE est fait pour vous : il centralise l’offre autour de l’EIT (information ciblée, outils, méthodes…) et met en avant les initiatives françaises. Coordonné par un(e) animateur(-trice) mandaté(e) par l’ADEME, ce site permet de faire vivre l'écosystème des acteurs de l’EIT : au-delà des rencontres et groupes de travail, les communautés de travail permettent de poursuivre les échanges sans se déplacer. Rejoignez-nous !
Le Réseau SYNAPSE publie une newsletter tous les deux mois environ. Celle-ci aborde l'actualité de l'EIT en France et à l'étranger ainsi que l'actualité du Réseau SYNAPSE.
Newsletter n°1 (juillet 2018) // Newsletter n°2 (novembre 2018) // Newsletter n°3 (mars 2019) // Newsletter n°4 (juin 2019) // Newsletter n°5 (déc 2019) // Newsletter n° 6 // Newsletter n°7
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Note de veille n°7 Note de veille n°6 Note de veille n°5 Note de veille n°4 Note de veille n°3 Note de veille n°2 Note de veille n°1
L’ADEME accompagne les territoires et les groupements d’entreprises souhaitant se lancer dans une démarche d’écologie industrielle et territoriale, via plusieurs types d’accompagnement :
- Co-financement d’un poste d’animateur EIT
- Co-financement d’études réalisées par des bureaux d’études (études de faisabilité de synergies, assistance à maîtrise d’ouvrage pour une collectivité pour lancer sa démarche EIT, etc.)
- Aides à l’investissement (mise en œuvre d’une valorisation de chaleur fatale entre plusieurs entreprises, mise en place de collecte mutualisée de déchets, …).
Pour en savoir plus sur les aides de l’ADEME, consultez la brochure dédiée.
La sélection des territoires retenus peut se réaliser au fil de l’eau ou bien via des appels à projets régionaux « EIT » ou « Économie circulaire » Pour en savoir plus, consultez le site de votre ADEME régionale.
Ces co-financements de démarches EIT se font généralement avec d’autres partenaires co-financeurs, principalement le conseil régional mais aussi potentiellement l’agence de l’eau, la DREAL, etc. Par ailleurs, d'autres sources possibles de cofinancements existent auprès des collectivités locales (EPCI,...). Tout porteur de projet peut prendre contact directement avec ces acteurs locaux, parmi lesquels les CCI qui peuvent également être partenaires de démarches d'EIT.
Pour faciliter l’accès à ces informations, le réseau SYNAPSE met à disposition un espace dédié à la publication des appels à projets EIT ci-dessous.
L’EIT : qu’est-ce que c’est ?
Pilier de l'économie circulaire, l'écologie industrielle et territoriale vise à optimiser les ressources sur un territoire, qu'il s'agisse d'énergies, d'eau, de matières, de déchets mais aussi d'équipements et d'expertises, via une approche systémique qui s'inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels.
Ainsi, à une échelle territoriale donnée (zone industrielle, agglomération…), et quel que soit son secteur d’activité, chacun peut réduire son impact environnemental en optimisant et/ou valorisant les flux (matières, énergies, effluents, ...) qu’il emploie et qu’il génère. Concrètement, c’est ainsi que vos déchets et co-produits peuvent devenir une matière première dans une autre activité, ou que votre énergie peut provenir de la chaleur fatale d’un site voisin.
L’EIT s’appuie donc sur l’étude de la nature, de la provenance et de la destination des flux pour identifier et développer des synergies inter-entreprises. L’un des enjeux forts de l’EIT consiste donc à faire se rencontrer les entreprises, et plus largement l’ensemble des acteurs économiques, pour instaurer un climat de confiance propice à la circulation de l’information et à l’émergence de telles synergies, d’où le rôle clé de l’animateur de la démarche d’EIT.
L’EIT, par ses démarches collectives et volontaires menées sur un territoire en vue d’en optimiser les ressources, réconcilie ainsi développement économique et meilleur usage des ressources, en privilégiant l’ancrage des activités et de l’emploi dans les territoires.
Un peu d’histoire
L’expression d’écologie industrielle est apparue dans les années 1960, et s’est traduite dans les années 70 par une première expérience mondiale sur le site de Kalundborg au Danemark, exemple toujours cité comme une référence emblématique en terme de symbiose industrielle. C’est en 1989 que la spécificité de l’écologie industrielle est précisée par R. Frosh et N. Gallopoulos (General Motors) : " Le modèle traditionnel de l’activité industrielle – dans lequel tous les procédés de fabrication utilisent des matières premières, créent des produits qu’il faut vendre et des déchets dont il faut se débarrasser – doit être transformé en un modèle plus intégré : un écosystème industriel. L’écosystème industriel fonctionnerait par analogies avec les écosystèmes biologiques […]. Dans un tel système, la consommation de matière et d'énergie est optimisée, et les effluents d'un processus servent de matière première à d'autres processus."
En France c’est à la fin des années 90 que des territoires français pionniers expérimentent le concept d’Ecologie Industrielle et Territoriale, comme le Dunkerquois ou l’Aube, au travers de projets de recherche précurseurs s’appuyant sur une communauté de chercheurs dynamique et grâce à un fort soutien des pouvoirs publics. Aujourd'hui, on recense en France plus d'une centaine de démarches, actives ou en développement.
Témoignage
"A l'heure où les problématiques de gestion des ressources, de conflits d'usage et les multiples enjeux organisationnels associés pèsent de plus en plus lourd dans les contraintes des entreprises et sur le fonctionnement des territoires, l'EIT apparaît comme un levier de développement puissant. En un peu plus de trois ans d'existence l'aventure de PIICTO nous a permis de mesurer l'étendue des possibilités offertes par le concept d'écologie industrielle en termes de maîtrise des flux, d'attractivité, de relations avec les parties prenantes mais aussi d'innovation et donc d'emploi, ainsi qu'en témoigne l'installation de démonstrateurs industriels de premier plan sur le secteur des énergies renouvelables au sein de notre plateforme d'innovation. Pour résumer, l'EIT apparaît comme un moyen particulièrement efficace pour transformer la contrainte en opportunités, pour les acteurs économiques, comme pour les territoires."
Nicolas Mat, secrétaire général de la Plateforme industrielle et d'Innovation du Caban Tonkin (PIICTO), mars 2018
Pour en savoir plus sur PIICTO
Les démarches d’EIT opérationnelles peuvent déboucher sur 4 grandes catégories d’actions :
• Synergies de substitution de ressources : échanges de flux de matières et d’énergie entre structures. Des déchets, sous-produits, effluents ou énergies se substituent aux flux habituellement utilisés ;
Quelques exemples : chaleur fatale, futs, gravats, talc, doufline
• Synergies de mutualisation de ressources : du matériel, des espaces (salles de réunion, lieux de stockage, etc.), des compétences ou des moyens logistiques peuvent être partagés entre acteurs d'un territoire.
Quelques exemples : station de lavage, gestion mutualisée des eaux pluviales
• Synergies de mutualisation de services (achats groupés) : ces pratiques permettent de rationaliser les moyens mis en œuvre et de réaliser des économies; même si ces mutualisations ne sont pas le cœur de l'EIT, elles sont de fait intégrées aux démarches car elles participent à la dynamique de collaboration entre structures.
Quelques exemples: achat groupé de gaz et électricité, collecte mutualisée de palettes, groupement d’achats sécurité/contrôles
Un exemple qui réunit synergies de substitution et de mutualisation : le GIE OSIRIS (plateforme du Roussillon). Pour en savoir plus : la vidéo dédiée
• Nouvelles activités innovantes : création de nouvelles filières ou activités fonctionnant en circuit court en synergie avec les acteurs du territoire et répondant à des manques identifiés dans les chaînes de valeur économiques.
Exemple de Biotop avec l’innovation Melting Pot©
D’autres synergies : lien vers la rubrique initiatives
A noter : avant de se lancer dans une démarche d’EIT, il est préférable que la structure ait tout d’abord réalisé l’optimisation de ses flux en interne ce qui peut aboutir à des bouclages internes de flux : valorisation d’effluents, de matières combustibles, de chaleur, etc. Consultez l'opération de l'ADEME dédiée : "TPE/PME gagnantes sur tous les coûts".
A noter : l’EIT concerne l’ensemble des acteurs économiques générant des flux entrants/sortants (entreprises, associations, agriculteurs, collectivités...) et adresse tous les secteurs d’activités, aussi bien en zones rurales, péri-urbaines, industrielles et portuaires.
Pour une entreprise, rejoindre une démarche d’EIT permet de rencontrer les entreprises voisines, réseauter, et trouver des solutions locales à des enjeux communs par la concrétisation de synergies. A la clé : des € économisés pour l’entreprise, des opportunités d’affaires avec ses voisins et un réseau élargi, en plus d’une amélioration de son impact environnemental et du maintien de l’emploi local !
Témoignage
« La stratégie de diversification que nous avons adoptée il y a plusieurs années déjà, s'articule autour de trois axes porteurs et tous en lien avec des matières issues de notre activité de fabrication de papier journal à partir de fibres de cellulose vierges ou recyclées : les bio-matériaux, les énergies renouvelables et la chimie du bio-sourcé. Elle doit nous permettre de faire face à la baisse importante du marché du papier journal en nous assurant des revenus complémentaires, et de garantir ainsi la pérennité de notre site. Les activités de diversification que nous avons déjà mises en oeuvre, tout comme les nombreux projets sur lesquels notre cellule Développement travaille au quotidien et dans des secteurs aussi divers que le biogaz, la cosmétique ou encore l'alimentation pour la pisciculture pour n'en citer que quelques-uns, sont placés sous un triple signe : le partage de synergies, l'économie circulaire & l'écologie industrielle et territoriale, et nos engagements concrets en matière de responsabilité sociétale en tant qu'acteur majeur sur le bassin local. A titre d'exemple, la création de la Green Valley dont nous sommes l'un des initiateurs, nous a permis de développer des synergies gagnant/gagnant avec Pavatex dès 2012 : mutualisation d'actifs et de compétences (gestion de projet, voirie, traitement des effluents...), flux de matières (le bois) et d'énergie (la vapeur), logistique... autant d'éléments qui "profitent" aux deux parties : des économies d'investissement et d'échelle pour Pavatex et des revenus complémentaires non négligeables pour Norske Skog Golbey. »
Sophie Granju, responsable performance énergie, Norske Skog Golbey, mai 2018
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• Vous souhaitez rejoindre une démarche d’EIT ? Consultez la carte qui recense les démarches d’EIT en cours et contactez directement l’animateur de la démarche EIT la plus proche de chez vous !
• Contactez d’autres entreprises engagées grâce à l’annuaire des membres de la communauté EIT
Initier une démarche d’EIT permet d’instaurer un climat de confiance et de coopération au sein des entreprises et d’aboutir à la réalisation de synergies inter-entreprises concrètes (qui commencent généralement par la mise en place de services mutualisés - collecte mutualisée de déchets, achats groupés d’énergie, … - avant d’aller sur des synergies plus complexes).
L’attractivité de la zone est renforcée, la résilience des entreprises est améliorée : grâce aux synergies concrétisées avec leurs voisins, les entreprises peuvent relocaliser certains flux de matières entrantes et diminuer leurs coûts, en favorisant des emplois non délocalisables tout en réduisant leur empreinte environnementale.
Témoignage
"Pour des entreprises, l'EIT apporte la preuve qu'en travaillant de manière collective, en fédérant les compétences, les moyens et les idées, on peut aller beaucoup plus loin qu'en faisant cavalier seul. Et ce, que l'on parle de déchets, d'énergies ou de mobilité. Et ce n'est pas un discours utopiste ! A mes yeux, le cadre de l'EIT – tout comme l'économie sociale et solidaire – permet de faire le lien entre l'engagement moral et le principe de réalité. Sous sa bannière les acteurs peuvent explorer un immense champ des possibles et découvrir de nouvelles opportunités de développement. C'est ce que nous avons fait au sein du réseau rochelais Biotop en élaborant Melting Pot, un concept primé de toiture végétalisée conçu à partir de matériaux biosourcés 100% recyclés qui pourra intéresser tous les professionnels impliqués dans une démarche d'urbanisme durable."
Alexandre Derive, fondateur du projet Biotop, mars 2018
Pour en savoir plus sur BIOTOP, Melting Pot
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• Vous souhaitez monter en compétence sur le sujet de l’EIT ? Consultez notre centre de ressources dédié, avec des guides méthodologiques, le recensement des outils et formations à disposition, etc.
• Vous souhaitez lancer une démarche d’EIT et l’animer ? Consultez la page dédiée au rôle de l'animateur EIT
• Contactez d’autres membres de la communauté EIT grâce à l’annuaire
L’écologie industrielle et territoriale présente l’avantage de réconcilier développement économique et préservation des ressources. Par la concrétisation de synergies inter-entreprises, le territoire conforte ses emplois locaux, relocalise certains flux et engendre des économies, tout en optimisant ses ressources. L’EIT contribue au renforcement de l’ancrage territorial des entreprises et à l’émergence de nouvelles activités économiques.
Il existe actuellement une forte appétence des territoires pour l'EIT, que ce soit au travers des stratégies régionales économie circulaire/EIT en construction, des contrats territoriaux d'autres part (CODEC, TZGZD), mais aussi au travers des EPCI en charge de la compétence développement économique, l'EIT permettant de réunir dans une démarche intégrée les acteurs du développement économique et de l'économie circulaire.
Témoignage
"De mon point de vue, l'EIT participe activement à l'ancrage territorial des entreprises en les amenant à prendre progressivement conscience de l'écosystème dans lesquelles elles s'inscrivent. Levier d'attractivité et de performance économique, l'EIT est aussi un moyen efficace pour amener les entreprises à réfléchir concrètement à leur impact environnemental. C'est un outil indispensable pour penser le développement de l'économie de demain. […]. Notre communauté d'agglomération accompagne d'ailleurs en ce moment un projet d'implantation à l'échelle d'une zone d'activité qui permettra à une entreprise spécialisée dans les coproduits du bois de s'installer sur une réserve foncière d'une papèterie avec laquelle elle développera des synergies de substitution et de mutualisation, sachant que cet emplacement la mettra également au contact de trois entreprises susceptibles d'échanger des flux de bois."
Marie Bourc'his, chargée de mission Economie Circulaire à la Communauté d'Agglomération Seine-Eure, mars 2018
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• Vous souhaitez lancer une démarche d’EIT et l’animer ? Consultez la page ci-après "Le rôle clé de l'animateur"
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• Par des retours d’expériences concrets de synergies mises en œuvre
• Par des retours d’expériences de démarches d’EIT en cours
• Par des témoignages vidéos
L’animateur d’une démarche d’EIT a un rôle primordial : réel facilitateur territorial, il mobilise les entreprises et les fait se rencontrer via des événements fédérateurs et/ou conviviaux ; il contribue à l’identification des synergies (en animant des ateliers inter-entreprises, des groupes de travail thématiques, des visites d’entreprises…) et accompagne ensuite les entreprises dans la concrétisation de leurs synergies ; il assure le suivi et l’évaluation de la démarche (gains environnementaux, économiques et emplois), et contribue à sa pérennisation (gouvernance, auto-financement). Ce poste requiert donc de nombreuses compétences techniques (déchets, énergie, mutualisations, …) mais aussi d’animation, de gestion, ainsi qu’une bonne connaissance de l’entreprise et des acteurs du territoire.
L’animateur EIT doit pouvoir s’appuyer sur des relais :
• dans la mobilisation des entreprises (chambres consulaires, fédérations, collectivités, réseaux d'entreprises et clusters, etc.)
• dans la concrétisation des synergies (bureaux d’études, DREAL/DIRECCTE, centres techniques, etc.)
Il est donc au cœur d’un écosystème d’acteurs locaux et en lien direct avec les entreprises de son territoire. Témoignage
« Actuellement les animateurs EIT sont recrutés au sein de structures très diverses : chargés de mission EIT en collectivités, en CCI, agence de développement économique, associations d’entreprises, syndicats déchets... A terme, l’EIT doit devenir un levier de mobilisation des acteurs économiques pour l’ensemble des forces en présence dans les territoires. Le réseau SYNAPSE est le lieu privilégié d’échanges pour l’ensemble des animateurs EIT.»
Cyrielle Borde, Coordinatrice EIT, ADEME
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• Par des retours d’expériences concrets de synergies mises en œuvre
• Par des retours d’expériences de démarches d’EIT en cours
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• Vous souhaitez monter en compétence sur l’animation de démarche d’EIT ? Consultez notre centre de ressources dédié, avec des documents de référence pour vous accompagner, le panorama des formations et outils à votre disposition.
• Vous souhaitez rejoindre la communauté des animateurs EIT ? Venez échanger vos bonnes pratiques et questionnements avec les autres animateurs de démarches d’EIT grâce aux communautés de travail dédiées
La mise en place d’une démarche d’EIT s’inscrit sur le moyen terme et nécessite généralement 3 à 4 ans pour se mettre en place durablement.
1 – Initier la démarche
Cette étape, qui peut durer de 6 mois à 1 an doit permettre d’établir la feuille de route de la démarche EIT : choisir le territoire et identifier ses enjeux, réunir les bons partenaires qui appuieront et relaieront la démarche, identifier une structure porteuse pour mettre en place un animateur EIT dédié et rechercher un financement éventuel (généralement pour une durée de 3 ans). Il s'agit notamment de s'assurer d'un portage "politique", idéalement via ou ou des élus locaux et chefs d'entreprises locales.
Dans le cadre du Programme National de Synergies Inter-entreprises, chaque région a réalisé sa feuille de route en environ 6 mois, définissant ainsi les territoires visés, les partenaires du projet, les objectifs chiffrés en termes d'entreprises à mobiliser et d'impacts environnementaux à atteindre, et enfin permettant d'identifier l'animateur EIT chargé de mettre en œuvre opérationnellement la démarche sur son territoire.
2 – Lancer la démarche et l’animer
Historiquement, les premières étapes des projets EIT consistaient en une analyse exhaustive des flux de matière et d'énergie des entreprises, pour identifier des synergies potentielles puis en étudier la faisabilité et en déduire un plan d'actions. Cette étape s'avérant chronophage, aujourd'hui le lancement concret de la démarche débute plutôt par un événement phare : l’atelier inter-entreprises, piloté par l'animateur EIT, qui réunit les entreprises et leur permet d’échanger volontairement sur certains de leurs flux, et donc d’identifier rapidement des synergies potentielles. Cet atelier est précédé d’une phase très importante de mobilisation des entreprises, s’appuyant sur les partenaires, via du mailing, phoning, visites, etc. Cette approche, plus dynamique, ne doit pas être considérée comme suffisante car les nombreuses pistes identifiées lors d'un atelier n'aboutiront pas systématiquement.
Dans le cadre du Programme National de Synergies Inter-entreprises lancé en juillet 2015, le 1er atelier a été réalisé à Libourne en Nouvelle-Aquitaine le 1er décembre 2015 : plus de 40 entreprises ont participé, plus de 200 ressources ont été proposées par les participants et 536 synergies potentielles ont été identifiées.
Au-delà du lancement, tout l’enjeu pour l’animateur consiste ensuite à faire émerger des concrétisations de synergies en accompagnant les entreprises. Pour cela, l’animateur doit renouveler régulièrement des temps d’échanges collectifs (groupes de travail thématiques, enchères, visites, …) pour maintenir la dynamique. Enfin, il peut également s’appuyer sur l’expertise d’acteurs locaux pour faire avancer certaines synergies complexes (laboratoires, centres techniques, DREAL, bureaux d’études, solutions providers, etc.). Ceci doit amener l'animateur à développer progressivement une certaine vision du métabolisme de son territoire, afin d'identifier les enjeux ressources prioritaires de son territoire.
3 – Évaluer et pérenniser la démarche
Lorsque des synergies ont été concrétisées, il est important que l’animateur assure leur suivi et leur évaluation en termes de bénéfices environnementaux, € et emplois. En effet force est de constater qu’actuellement peu de démarches EIT font l’objet d’un reporting systématique. Pour appuyer ce travail, l’animateur dispose de l’outil ELIPSE, référentiel d’évaluation des démarches d’EIT, piloté par OREE. Via une plateforme gratuite en ligne, un panel d’une soixantaine d’indicateurs (dont une vingtaine obligatoires) servent de support à sa démarche d’évaluation, qu’il pourra utilement co-construire avec ses partenaires. A noter que cet exercice d'évaluation peut démarrer sans attendre la concrétisation de premières synergies, certains indicateurs permettant de questionner avant tout la méthode du projet et sa gouvernance.
Cet exercice d’évaluation doit également lui servir à communiquer largement sur les résultats de sa démarche pour partager son retour d’expériences, notamment au sein du réseau Synapse.
En février 2017, CCI France a publié un recueil de retours d'expériences réalisés avec l'appui de l'outil ACTIF. Les 15 synergies évaluées ont ainsi permis de préserver 47 emplois et d'en créer 25, de générer 437 000 € d'économies, de générer 11,6 Millions d'investissement et de valoriser 64 750 tonnes de déchets.
Enfin, la pérennisation de la démarche et de son modèle économique est une question cruciale pour le devenir de la démarche, et doit si possible être réfléchi dès le lancement de la démarche. En effet, les animateurs EIT sont généralement co-financés sur fonds publics (ADEME, Régions, collectivités locales, ...) sur des durées de 3 ans, il est donc nécessaire qu’à l’issue de ce délai la démarche d’EIT ait pu construire son modèle économique et évolué au maximum vers de l’auto-financement.
Les bureaux d’études Mydiane et Auxilia se sont associés au Pôle des éco-industries pour réaliser une étude sur les conditions de la pérennité des démarches d’EIT. Appuyée sur des retours d’expérience et des témoignages, l’enquête publiée en mars 2018 s’intéresse à trois dimensions : la pérennité économique, la pérennité organisationnelle (gouvernance) et la pérennité opérationnelle (activités et réalisations concrètes). Pour en savoir plus, consultez l'étude complète.
4 – Élargir et diffuser la démarche
Pour se maintenir dans le temps, une démarche d’EIT doit évoluer et s’enrichir :
- de nouvelles entreprises, pour faire émerger de nouvelles synergies,
- de nouveaux partenaires, pour élargir le type d’acteurs mobilisés (exemple : cible agricole…),
- de nouveaux territoires, en interagissant avec des démarches d’EIT voisines,
- d’une nouvelle gouvernance.
Le projet d’écologie industrielle Biotop est né en 2010 de la conviction de chefs d’entreprises que les démarches environnementales individuelles des entreprises doivent devenir collectives et que les évolutions doivent être anticipées pour ne pas les subir. Alors porté par le Club d’Entreprises de Périgny, l’éco réseau s’est tout d’abord développé à l’échelle de la Zone Industrielle de Périgny. En 2013, Biotop a élargi son champ d’action au territoire de la Communauté d’Agglomération de La Rochelle. Le Club d’Entreprises de Périgny a alors transmis à l’association Sphère(s) la gestion et le développement de son projet, depuis devenu une démarche opérationnelle éprouvée et reconnue.
La période 2009-2014 est celle des projets de recherche structurants sur l’EIT (cf. page « Zoom sur l’EIT et la recherche »). Ainsi l’une des pierres fondatrices de l’EIT en France est le projet comethe[1] qui a eu le mérite de proposer un cadre méthodologique aux premières démarches d’EIT initiées en France. Avec du recul, cette méthode, qui inclut un recensement exhaustif des flux des entreprises, semble difficilement adaptée à la temporalité des entreprises qui ont besoin de résultats rapides.
En parallèle, un travail d’animation a été réalisé par le CGDD au travers du CATEI[2], permettant d’offrir à la communauté naissante des acteurs de l’EIT un lieu de rencontre et d’échanges, dont le point final a été la publication du guide « EIT : le guide pour agir dans les territoires » (CGDD, décembre 2014).
La période 2015-2017 a été celle des expérimentations, dont trois d’envergure nationale:
- Le Programme National de Synergies Inter-entreprises (PNSI), piloté par l’Institut National de l’économie circulaire et expérimenté en Auvergne Rhône Alpes, Bretagne, Normandie, Nouvelle-Aquitaine, qui a permis de tester une méthode efficace d’animation d’ateliers inter-entreprises (évaluation publiée en octobre 2017 );
- L’outil ACTIF, outil cartographique de collecte des données de ressources des entreprises, développé par la CCI Tarn et Garonne, qui a fait l’objet en 2017 d’un déploiement dans l’ensemble du réseau CCI et qui s’est ouvert aux collectivités dès septembre 2017 (cf. recueil de synergies ACTIF) ;
- Le référentiel d’évaluation des démarches d’EIT, ELIPSE, porté par OREE, qui a été mis en ligne fin 2016 suite à deux années de co-construction avec la communauté des acteurs de l’EIT, des chercheurs et des bureaux d’études.
Si on y rajoute les initiatives d’EIT qui ont émergé dans les territoires notamment grâce aux appels à projets régionaux de l’ADEME, on constate une réelle prolifération de l’EIT en France : alors que jusqu’en 2015 on recensait au total 70 projets d’EIT en cours en France, les compteurs sont montés à 30 démarches d’EIT soutenues par l’ADEME pour la seule année 2017. Le nombre de démarches d'EIT fait d'ailleurs partie des indicateurs nationaux d'économie circulaire.
En parallèle, des acteurs privés ont commencé à s’intéresser de près aux opportunités ouvertes par le concept d’EIT, et de nouveaux outils ont vu le jour comme ceux des starts-up Inex, Upcyclea… ou encore des plateformes d’échanges inter-entreprises (bourse aux déchets, barter, etc.).
La période 2018-2020 se veut désormais celle du déploiement de l’EIT en France. Aujourd’hui, de nombreuses conditions sont remplies pour envisager un changement d’échelle en levant les freins qui subsistent en termes de savoir-faire, de mobilisation des entreprises, de pérennité des modèles économiques et de massification des données pour démultiplier les synergies. C’est dans cette perspective que l’ADEME s’est récemment engagée dans la construction du réseau national des acteurs de l’EIT, le réseau SYNAPSE, dont la réunion de lancement s’est tenue le 23 novembre 2017.
« Rassemblant de nombreux acteurs (animateurs de démarches d’EIT mais aussi bureaux d’études, chercheurs, conseils régionaux, fédérations…) et piloté par l’ADEME grâce à un animateur dédié, ce réseau permettra de favoriser le partage au sein de la communauté EIT pour accélérer le déploiement de l’EIT dans les territoires, l’enjeu principal étant l’accélération de la concrétisation des synergies », Thomas Gourdon, responsable adjoint du service Entreprises et Dynamiques Industrielles, ADEME.
[1] www.comethe.org Méthode issue d’un projet ANR piloté par l’association OREE.
[2] Comité d’Animation Territoire durable et Écologie Industrielle
Vous êtes à la recherche d’exemples concrets de démarche d’EIT ? Vous animez une démarche collective pour optimiser les ressources d’acteurs économiques de votre territoire et vous vous interrogez sur les outils disponibles ? Vous souhaitez prendre contact avec des acteurs ayant rencontré les mêmes problématiques pour partager vos bonnes pratiques ? Vous recherchez une expertise complémentaire à la vôtre ?
Le réseau SYNAPSE est fait pour vous ! En effet il a pour objectifs :
- de faciliter les échanges entre animateurs locaux de démarches d’EIT, via des outils collaboratifs, des groupes de travail et des rencontres annuelles du réseau ;
- d’apporter des éléments de structuration et de savoir-faire aux membres du réseau, par la mutualisation et la mise à disposition d’outils (guides, veille, webinaires, etc.) ;
- de favoriser la capitalisation des retours d’expériences par une meilleure mise en visibilité des démarches d’EIT réussies basées sur leurs bénéfices : environnementaux, € et emplois ;
Il s’adresse donc prioritairement aux animateurs locaux de démarches d’EIT, qui peuvent être à la fois des animateurs en collectivités, en association d’entreprises ou zones d’activités, en chambres consulaires, en agence de développement économique, en syndicats de déchets, etc. ou encore des bureaux d’études mandatés par des collectivités pour animer leur démarche d’EIT. Doté d’un animateur national mandaté par l’ADEME, le réseau SYNAPSE vise à offrir aux animateurs EIT des outils leur permettant de mutualiser leurs connaissances et de recourir à «l’intelligence collective» du réseau.
Portail centralisateur de l’EIT en France, le réseau SYNAPSE s’adresse également aux autres acteurs impliqués dans l’EIT, qu’il s’agisse de chercheurs, bureaux d’études, collectivités et conseils régionaux, fédérations professionnelles, chambres consulaires, agences de développement économique, centres techniques, DREAL, etc.
Plusieurs niveaux de maturité peuvent exister :
1 – Je débute dans l’EIT -> je consulte la rubrique l’« EIT » pour m’informer, les rubriques « Initiatives » et « Annuaire » pour m’inspirer et contacter les animateurs EIT alentours, la rubrique « ressources » pour visionner des témoignages vidéos, la rubrique « Ressources/formations » pour identifier des formations potentielles ;
2 – Je suis dans une démarche EIT et je souhaite échanger -> je m’inscris à la veille, consulte les actualités et les études/outils disponibles ; je rejoins les communautés pour accéder aux forums et documents partagés et je deviens acteur du réseau ; je mets en visibilité ma démarche en renseignant une fiche dans la rubrique « Initiatives »
3 - Je souhaite évaluer / pérenniser ma démarche -> je m’évalue sur le référentiel d’évaluation des démarches EIT Elipse et renseigne les résultats dans ma fiche « Initiatives » ; je participe aux réflexions nationales sur la pérennisation de l’EIT et consulte les documents dédiés (lien vers évaluation étude Auxilia)
L’Ecologie Industrielle et Territoriale bénéficie en France d’une communauté dynamique et transdisciplinaire de chercheurs actifs sur le sujet.
Un peu d’histoire
En France, la première conférence scientifique européenne en écologie industrielle est organisée en 1999 par l’Université de Technologie de Troyes (UTT) dont les actes sont publiés en anglais dans l'ouvrage de D. Bourg et S. Erkman "Perspectives on Industrial Ecology" (2003). Se crée ensuite le CREIDD (Centre de Recherche Interdisciplinaire sur le Développement Durable) en 2001, la première équipe de recherche dédiée à l'écologie industrielle. En partenariat avec plusieurs grands groupes d'entreprises, le CREIDD inaugure en 2005 à l'UTT la chaire d'écologie industrielle, puis publie en 2007 les cahiers de la chaire d'écologie industrielle. De 2007 à 2009, se déroule un atelier de réflexion prospective sur l'écologie industrielle (ARPEGE), soutenu par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et réunissant une pluralité d'acteurs (associations, entreprises, bureau d'études, universitaires). Il se donne comme objectif de cadrer le champ de l'écologie industrielle en proposant une définition et des perspectives en termes de recherche.
Des projets de recherche structurants
Dès le milieu des années 2000, plusieurs projets de recherche financés par l’ANR émergent via l’appel à projets PRECODD - Programme de Recherche sur les Ecotechnologies et le Développement Durable. Parmi les projets soutenus, le projet COMETHE, coordonné par l’association OREE, établit une méthodologie applicable aux démarches d’EIT dans les zones d’activités, posant ainsi les bases des premières démarches d’EIT « à la française ».
L’appels à projets « Villes Durables 2008 » permet également de soutenir CONFLUENT - CONnaissances des FLux Urbains, EmpreiNTes, qui marque l’émergence du champ de l’écologie territoriale.
A partir de 2009, c’est l’Appel à Manifestation d’Intérêt « Déchets et Société », programme thématique « Individus et jeux d’acteurs » de l’ADEME, qui soutient plusieurs projets de recherche croisant EIT et sciences humaines et sociales (SHS) :
Synergie TP 2009-2011 Bilan environnemental et jeux d’acteurs ; Analyses et recommandations issues d’une démarche EIT sur chantiers de TP : étude de la Rocade Sud Est Troyes. Lien vers le Rapport dans la docuthèque
DEPART 2010-2012 De la gestion des déchets à l’économie circulaire, étude de l’émergence de nouvelles dynamiques PARTenariales. Cas pratiques et perspectives dans les territoires portuaires. Lien vers le conference paper dans la docuthèque
ACTEIS 2011-2013 Action Collective, Ecologie Industrielle et soutenabilité : analyse approfondie des stratégies d’acteurs, des modes de coordinations et de gouvernance. Lien vers le Rapport et fiches résumées dans la docuthèque
EITANS 2011-2013 EIT- ANalyse des facteurs Socio-économiques et anthropologiques pour sa mise en œuvre. Lien vers le Rapport dans la docuthèque
Plusieurs projets de recherche sont spécifiques aux zones industrialo-portuaires, que ce soit DEPART (ci-dessus), mais aussi le projet RETOUR qui dresse un panorama international des initiatives collaboratives multi-acteurs autour de la gestion des ressources dans les territoires portuaires, ou encore la note stratégique et prospective « Economie circulaire et stratégies portuaires » de mars 2015, qui a abouti en décembre 2015 à la publication de l’ouvrage Tome IV Economie circulaire et écosystèmes portuaires.
Sur la période 2014-2017, plusieurs expérimentations incluent un volet recherche :
- le Programme National de Synergies Inter-entreprises (PNSI) avec la participation de l’UTT pour co-évaluer le programme
- l’outil ELIPSE d’évaluation des démarches d’EIT, piloté par OREE et mis en ligne en décembre 2016, auquel trois laboratoires ont participé (UTT, Université de Lyon, Université de Grenoble).
Une communauté de chercheurs grandissante
Plusieurs événements ont contribué à réunir la communauté des chercheurs impliqués sur l’EIT : en 2013, un colloque sur le lien entre écologie industrielle et écologie politique est organisé à l'Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand ainsi qu’une école thématique du CNRS à Aussois sur l'écologie territoriale. En 2014 et 2016 c’est le colloque interdisciplinaire sur l’EIT (COLEIT) qui est couplé aux rencontres francophones de l’EIT.
En parallèle, l’ADEME poursuit son soutien par le financement régulier de thèses. Alors qu'entre 2000 et 2010 on compte quatre thèses sur cette thématique, de 2011 à 2016 on en recense 34 et à l'heure actuelle plus d'une trentaine de thèses sont en préparation.
Plus récemment, des Rencontres doctorant.e.s jeunes chercheurs.es en écologie industrielle, Ecologie Territoriale et Ecologie Industrielle et Territoriale ont été organisées par l’UTT les 13 et 14 avril 2017, ayant permis de réunir plus de 25 participants autour des notions d’épistémologie, d’interdisciplinarité et de pluralisme méthodologique, l’EIT se situant à la croisée des sciences de l’ingénieur, des sciences naturelles et des SHS. Après ces premières rencontres ayant permis de poser les premiers jalons dans la construction d'un langage commun, l'enjeu est désormais d'entretenir cette dynamique et de structurer une communauté plus globale de chercheurs sur les champs de l'EIT.