Zoom sur les Repair Cafés

Zoom sur les Repair Cafés

A travers les articles publiés sur le site http://consocollaborative.com Alternatives Économiques s’intéresse chaque mois, en partenariat avec la Maif, à la place croissante que prend l'économie collaborative dans notre société.

L'article d'Aude Raux qui a pour titre "Contre l'obsolescence programmée, les Repair Cafés fleurissent", s'intéresse à la montée en puissance des Repair Cafés et à la Fondation Repair Café qui recense 1 256 Repair Cafés dans 33 pays dont 149 en France.



Un grille-pain sous le bras, une vieille dame arrive au Repair Café de Paris, qui se tient ce jour-là au centre social Espace Riquet, dans le 19e arrondissement : « Il est quasi neuf, mais plus sous garantie. Je n’ai pas les moyens d’en acheter un autre ou de le faire réparer chez un professionnel. Et je ne veux pas jeter. Ici, la réparation est gratuite. » Autour de la table d’opération, un jeune bénévole démonte l’objet sous ses yeux. Le bricoleur lui explique l’origine de la panne avant de livrer son diagnostic. Restaurer, retaper, rénover, rapiécer, (presque) tout peut être réparé dans les Repair Cafés, du petit électroménager aux vêtements, en passant par le vélo ou les meubles.

L’expression repose sur deux mots : le verbe anglais « réparer » combiné au mot « café » pour souligner le rôle de la convivialité dans la lutte contre le tout-jetable. L’idée vient d’une journaliste et militante écologiste néerlandaise, Martine Postma, désireuse de remettre la réparation à l’honneur : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Pour mettre fin au gaspillage, elle mobilise son réseau et rassemble, en 2009 à Amsterdam, des bricoleurs expérimentés et des gens désemparés devant une boîte à outils. Face au succès, Martine Postma organise des rendez-vous réguliers et crée, en 2010, la Fondation internationale Repair Café, désormais subventionnée par le gouvernement néerlandais.

Un outil antigaspi participatif


Si l’on peut monter un atelier de réparation de façon autonome, adhérer à la fondation est un gage de visibilité : les internautes peuvent trouver l’adresse du Repair Café le plus proche de chez eux et les dates des prochains rendez-vous. La fondation est aussi un moyen de sensibiliser les pouvoirs publics et les citoyens contre l’obsolescence programmée et le tout-jetable. Les visiteurs sont ainsi invités à peser leurs objets afin de connaître le poids des déchets évités.

Aujourd’hui, la fondation recense 1 256 Repair Cafés dans 33 pays. En France, les premiers ont ouvert en 2013 ; il en existe 149, le plus souvent associatifs. Certes l’enjeu environnemental est essentiel, mais la plupart des personnes qui fréquentent les Repair Cafés dans l’Hexagone le font aussi pour des raisons financières. Le taux de réparation s’élève en moyenne à 55 %. Lorsque le bricoleur ne parvient pas à remettre en état un objet, il oriente le visiteur vers un spécialiste de la réparation ou vers le circuit traditionnel de la récupération.

Les Repair Cafés n’ont rien d’un service après-vente. « Pas question de déposer sa bouilloire cassée et d’aller se promener, martèle Véronique Guyot, cofondatrice du Repair Café de Sophia-Antipolis. La convivialité est essentielle pour lutter contre l’isolement. » De même, l’aspect pédagogique est inhérent : les visiteurs doivent assister à la réparation et souvent donner un coup de main, ne serait-ce que tenir deux bouts de fil. Reste, comme pour tout projet associatif, à fédérer de manière pérenne des bénévoles.

La demande de réparation pour les ordinateurs, les tablettes et les téléphones est là, mais peu de spécialistes sont prêts à s’engager bénévolement. Autre obstacle : la difficulté de trouver un local gratuit. La plupart des porteurs de projet bénéficient d’un soutien des mairies, qui mettent à disposition une salle. Les Repair Cafés font aussi appel aux dons par le biais d’une « boîte à mercis », sorte de tirelire à pourboires à la sortie de la salle, pour acheter des outils et des boissons mis en commun. Une façon aussi de lutter contre le « consumérisme de la gratuité ». – Aude Raux


Source de l'article

Site de la Fondation Repair Cafés


Article publié sous licence CC

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Auteur de la page

Vincent Jay

Chef de projets