Les enjeux de ressources : sobriété

Les limites au modèle économique linéaire

Le modèle économique linéaire, qui peut être résumé au schéma extraire-produire-consommer-jeter, est structurellement condamné du fait des limites aux stocks de ressources de la planète.

Illustration 3: Schéma du modèle économique linéaire (Source : site internet du Club d'écologie industrielle de l'Aube)

 

A défaut d'adaptation de nos modèles économiques, la consommation des ressources non renouvelables et des ressources renouvelables au-delà de leurs capacités de régénération met en péril notre capacité à assurer « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU, 1987. Notre avenir à tous, p.1).

Les impacts environnementaux liés à l'artificialisation et à la destruction des écosystèmes naturels, aux rejets de déchets et de substances polluantes, et à l'émission de gaz à effets de serre fragilisent encore davantage les équilibres biogéochimiques.

L'empreinte environnementale est un indicateur permettant d'évaluer l'impact de l'homme sur l'ensemble de la planète. Plus d'une planète Terre et demi est déjà consommée chaque année. En 2050, trois planètes pourraient être consommées chaque année du fait de l'augmentation de la population et de la hausse du niveau de vie des populations en voie de développement. L'adoption d'un modèle économique plus sobre dans l'utilisation des ressources est indispensable.

Si la survie de l'homme à moyen terme dépend de sa capacité à s'intégrer plus harmonieusement dans l'écosystème planétaire, la raréfaction des ressources est susceptible de causer des dommages socio-économiques majeurs à plus court terme.

 

La hausse structurelle du prix des matières premières

La chute conjoncturelle du prix des matières premières ne doit pas masquer l'augmentation tendancielle du prix des commodités. L'Institut McKinsey a agrégé l'évolution du prix des ressources énergétiques, minérales, alimentaires et non-alimentaires dans le graphique suivant :

Illustration 4: Variations des prix des matières premières de 1980 à 2014 – indice de prix nominal 100 en 1980 (Source : McKinsey Commodity Price Index)

 

La chute actuelle du prix des matières premières est étroitement corrélée à la baisse du prix du pétrole brut et au ralentissement de la croissance chinoise. La politique concurrentielle agressive de l'OPEP vis-à-vis du pétrole de schiste américain prendra rapidement fin et le prix des commodités sera ramené à la hausse. La raréfaction des ressources facilement accessibles et la hausse de la demande mondiale à l'horizon 2050 maintiendront cette hausse structurelle du prix des ressources. Les business models dépendant d'approvisionnements conséquents en matières premières seront fortement perturbés s'ils ne s'adaptent pas à cette nouvelle donne.

Les risques liés à l'approvisionnement

Longtemps, la Terre est apparue comme une source inépuisable de matières. Aujourd'hui, force est de constater que nous sommes en train d'épuiser l'ensemble de ses stocks. Les réserves de certains éléments rares et essentiels comme l'Indium et le Strontium sont quasiment réduites à néant. D'autres pénuries tout aussi problématiques pourraient rapidement concerner des éléments beaucoup plus communs tels que le cuivre, le zinc ou le plomb.

Illustration 5: Risques liés à l'approvisionnement en matières premières (Source : USGS in ADEME, 2014)

Une autre problématique toute aussi essentielle concerne la localisation des réserves existantes. L'extraction de terres rares est quasi-exclusivement concentrée en Chine. La moitié des réserves de pétrole se situe au Moyen Orient. Les régions importatrices sont fortement dépendantes et s'exposent à des risques d’approvisionnement majeurs, susceptibles de provoquer une montée des tensions géopolitiques.

Vers des modèles plus économes :

La résilience des entreprises, des régions et des États passe donc par l'adoption de modèles plus sobres dans l'utilisation des ressources. Cette transition est compromise par la baisse conjoncturelle des prix des matières primaires. Les acteurs publics et privés doivent adopter des visions stratégiques de moyen terme et se détacher des contraintes immédiates du marché, au risque de ne pas s'adapter aux nouvelles contraintes économiques du XXIe siècle. Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle d'incitation et d'accompagnement vers l'économie circulaire pour faciliter le découplage entre croissance économique et consommation des ressources.


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